Il y a 30 ans jour pour jour était diffusé le premier épisode de la série Granada Sherlock Holmes… il y a 30 ans la vie d’une enfant changea du tout au tout…
L’enfant est devenue femme, a essayé tant bien que mal de naviguer sur les eaux parfois tumultueuses de sa vie, avec ses bas… et ses hauts… Et toujours son ange a tenu sa promesse et est resté à ses côtés.
Pour cet anniversaire je tenais à partager cette histoire que l’on m’a écrite en 2000. Ce qui va suivre est un véritable conte de Noël… et une histoire vraie... ( well… excepté peut-être cette petite licence poétique qu’est la plume ^^ 😉 )
Et je voulais partager un peu de cette amour, de cette espoir et de cette magie avec vous x
De tout mon cœur x
Estelle
Un conte de Noël
Le sapin était vert, comme d’habitude, lumineux comme d’habitude, mais il n’y avait de neige que dans sa tête.
Estelle regardait la télévision. Estelle jouait avec ses nouveaux jouets, mollement étendue sur le lit de Maman. Estelle faisait un peu tout en même temps parce qu’elle ne voulait pas trop penser.
À douze ans on ne croit vraiment plus au Père Noël, mais tout de même, il aurait pu faire un effort ! Elle s’était dit que sa demande était tellement grosse, tellement impossible, que cela susciterait peut-être un intérêt, là-haut.
Elle bougea ses jouets, s’étirant comme un chat en jetant un coup d’œil déjà presque envieux aux jolies gambettes, si exagérément longues et fuselées, des héroïnes de Cats Eyes.
Estelle avait demandé un papa pour Noël.
Ce n’était pas vraiment un cadeau habituel, mais le sien était parti depuis si longtemps qu’elle s’en souvenait à peine. Elle était si petite dans ce souvenir, un bébé presque encore, si loin de l’âge de raison.
Son papa était parti, elle ne savait pas trop bien pourquoi, mais elle en gardait un sentiment confus de culpabilité, se disant que, sans doute, s’il n’était pas resté, c’était qu’elle n’était pas assez intéressante, assez intelligente, voire qu’elle avait fait quelque chose de mal, une de ces terribles choses que l’on fait sans s’en rendre compte. Elle pensait tout cela sans vraiment le penser, ou alors, juste du bout du cerveau.
Elle avait demandé un papa pour Noël, Noël était arrivé, mais pas le papa, et tous les jouets du monde n’y pourraient rien changer…
Estelle soupira. Cats Eyes était fini, les dessins animés étaient finis, pourtant, sans savoir pourquoi, elle laissa la télévision allumée, se disant qu’elle lui tiendrait bien compagnie, que la musique et les voix faisaient tout de même une présence. Elle laissa ses jouets, s’allongea et bâilla.
Et puis Estelle s’endormit et se mit à rêver.
Un ange immense, avec de longues ailes blanches et mousseuses, entrait sans bruit dans la chambre, et se posait sur le lit, en souriant. Elle n’avait pas peur, elle riait même de le voir. Il lui sembla le connaître – le reconnaître ?
Puis l’ange lui parlait en silence, et il disait en la regardant : « Ne sois pas si triste, rien n’est de ta faute. Et ton souhait est exhaussé : tu as trouvé un papa, un papa idéal ! Il sera tellement plus qu’une image, même si tu ne croises jamais son regard. Il sera ton guide, grâce à lui tu vas découvrir tout un monde qui t’emmènera très loin, un monde où tu te sentiras bien. »
Estelle fronça les sourcils, puis demanda en pensées : « Mais, où est ce monde ? »
– Derrière la couverture de tes livres, derrière l’écran de ta télévision, dans ta tête, dans tes rêves » répondit l’ange.
» Mais… » Estelle réfléchit, comme on réfléchit dans les rêves, si vite et si lentement, et sans vraiment de logique. » Mais, quand va-il arrivé ? » – car c’était bien là le plus important.
L’ange sourit et la regarda avec tendresse. » Il est déjà là…Oh, tu sais, tu ne le verras jamais, il ne va pas venir, pas vraiment venir…mais, crois-moi, il est déjà là…Et souviens-toi qu’il t’aime et qu’il veille sur toi….vraiment »
Elle sourit : » Comme un ange gardien ? »
L’ange lui rendit son sourire et ses yeux brillèrent. » Oh oui, comme un ange gardien… Je reviendrais… »
Estelle voulut poser une autre question, mais une musique à la fois inconnue et familière lui parvint. Et quelqu’un la prit par l’épaule et la secoua. » Réveille-toi ! «
Estelle se réveilla en sursaut devant la télévision allumée. » Quel rêve étrange » se dit-elle.
Encore à moitié endormie, elle tourna la tête vers l’écran et oublia instantanément son rêve, l’ange et le reste.
Au son d’une musique allègre et captivante, venait d’apparaître, en grand format couleur, le profil blanc et parfait d’un homme d’une autre époque, visage mince et élégant, cheveux gominés, habit noir sur col blanc.
Estelle s’assit sans quitter l’écran des yeux. L’homme, debout à la fenêtre d’un salon ancien, scrutait une rue romantique, vieillotte et mystérieuse, pendant que s’inscrivaient en lettres jaunes sur l’écran : Les Aventures de Sherlock Holmes….
Cinquante minutes plus tard, Estelle s’allongea à nouveau en se demandant vaguement si elle s’était déjà endormie durant l’après-midi. Elle sourit, la tête pleine de mystères, de musique, et de son image à lui, si beau, si parfait d’intelligence et de charme, si adorable. Comme un ange… Cette idée la fit rire ; pourquoi un ange ? … Pourquoi pas un ange ?
L’enfant referma les yeux sur son rêve, s’endormant dans la chaleur et le moelleux de l’édredon. Là-haut, vers le plafond, il y eut comme un rire discret, un soupir éthéré qui emplit la pièce un instant. La fenêtre sembla soudain battre sur le froufrou d’un envol. Et l’ange perdit une plume, qui descendit doucement en un tourbillon silencieux et vint se poser sur la joue d’Estelle qui souriait, endormie.